Bien entendu, dans Conan Exiles le joueur n’incarne pas Conan, mais plutôt l’un des hommes ou des femmes vivant à l’ère hyboréenne, dans ce monde tiré de l’imaginaire de Howard, avec ses cités exotiques, ses ruines, ses peuplades sanguinaires et ses dieux monstrueux.
Dans un style purement Howardien (ça se dit Howardien ?) le joueur commence le jeu nu (ou presque nu) crucifié afin d’attendre la mort, et se retrouvant délivré par Conan devra survivre en terre d’exil.
Un personnalisation du personnage plutôt sommaire …à quelques détails près
Après une personnalisation du personnage relativement sommaire, où l’on pourra choisir la race et le sexe du personnage, ainsi que quelques unes de ses caractéristiques physiques, le joueur se retrouve donc à essayer de survivre en trouvant de la nourriture, de l’eau, et toute une foule de matériaux afin de survivre aux premières minutes de jeu.
On récolte ici fibre végétales, pierres, insectes, afin d’utiliser ces ressources pour se vêtir, se nourrir, boire, fabriquer des outils, et au final se construire un abri pour être à l’abri des créatures hostiles qui peuplent le monde (crocodiles, cannibales ou autres).
Avant de construire, il faut couper du bois. Beaucoup de bois…
On note que le début reste plutôt poussif, en l’absence d’outils, le joueur se retrouve à avoir besoin d’une grande variété de ressources à ramasser à la main. Fort heureusement, les outils sont disponibles plutôt rapidement et la collecte se retrouve accélérée. Cet aspect du jeu n’est cependant pas très passionnante.
Du côté RPG, il ne sera possible de construire certains objets qu’après s’être entraîné suffisamment avec des tâches simples, afin de progresser suffisamment pour avoir accès aux armes plus efficaces tout comme aux constructions plus élaborées. On se retrouve donc avec une sorte de mélange entre une progression RPG et la collecte de ressources propre aux jeux de construction, ce qui entraîne une sorte de « grind » plutôt répétitif à deux niveaux. Pour les matériaux ET pour les points d’expérience.
Après un tour sur la « wheel of pain » l’esclave peut enfin se mettre à bosser
N’étant pas particulièrement adepte des jeux de survie style Ark ou Minecraft, je n’ai que peu d’élément de comparaison, mais ce qui semble prometteur et aller au delà de la concurrence est l’approche de Funcom, où la tenue d’ateliers de fabrication peut être faite par le biais d’esclaves à capturer. Tout prisonnier, après avoir passé quelques heures sur la « wheel of pain » bien connue des adeptes du film de John Milius deviendra docile et produira les objets que son maître lui ordonnera de fabriquer. A côté de cela, le jeu propose de superposer à l’aspect survie de départ de la conquête et de la domination. Autrement dit, une fois le joueur sorti d’affaire avec un fort construit, et bien avancé dans le jeu, pourra envisager d’invoquer démons et dieux antiques afin de conquérir les terres de ses adversaires et de les écraser en entendant les pleurs de leurs femmes, comme tout barbare qui se respecte.
Si ces mécanismes de jeu sont en gros implémentées dans le jeu, il reste pourtant encore pas mal de chemin à parcourir quant à l’intérêt des combats. Pour l’instant, ceux-ci sont plutôt répétitifs et peu gratifiants. On a du mal à frapper l’adversaire ou les protagonistes et le jeu souffre de sacrées lacunes au niveau des collisions, à un tel point qu’il est plus dans le domaine de la torture de combattre que dans le domaine du challenge intéressant.
Avant d’en arriver là on passe par la chasse à la gazelle à la course et au canif…
On gardera en tête qu’il ne s’agit qu’un accès anticipé du jeu et que si ce dernier est prometteur, on reste encore loin de sa sortie officielle. Funcom a heureusement plusieurs mois pour peaufiner le gameplay, ainsi que la stabilité de leurs serveurs et du logiciel client. On se pose d’ailleurs la question de la gestion des serveurs. Le jeu peut être joué sur des serveurs privés, totalement paramétrables selon les désirs du joueur qui héberge la partie, mais aussi sur des serveurs officiels. Avec une progression assez rapide et afin d’éviter que certains joueurs aient conquis la totalité du territoire, le point de savoir si ces derniers seront permanents ou si ces serveurs seront effacés à intervalle régulier ou non. Trouver un équilibre entre la frustration de voir ses constructions et sa progression jetée aux orties par un « server wipe » et se retrouver sur un serveur où la domination d’un joueur ou d’un groupe est clairement établie risque d’être une véritable gageure.
J’espérais voir ça…
Dans le même registre, le monde de Howard stimule l’imagination et dès la découverte de ruines antiques dans le décors désertique où évolue le joueur, on se pose la question d’aller explorer celles-ci à la recherche de quelque trésor ou de quelque vierge à délivrer de quelque culte maléfique. On est dans un jeu multijoueur, où les personnes peuvent s’allier pour explorer ce monde, vaincre une nature et un monde hostile, mais au lieu de cela, on se retrouve à ramasser du bois, rassembler des feuilles et des pierres pour se construire une cabane pourrie (qui finira certes peut-être en forteresse). Peut être est-ce là le souhait de Funcom, réaliser une sorte de bac à sable dans le monde de Conan et cela s’arrête là, mais on pourrait légitimement en attendre plus vu le contexte et les opportunités offertes par le monde.
…mais pour l’instant ça ressemble plus à ça.
Quoiqu’il en soit, nous sommes en présence d’un titre plutôt prometteur, mais il est encore trop tôt pour se prononcer sur l’intérêt à long terme de celui-ci. On sent de bonnes idées, des mécanismes de gameplay plutôt accrocheurs après les premières heures, mais outre une finition à la truelle (logique en accès anticipé) et un système de combat à la rue (pour l’instant) il reste frustrant en raison du grand nombre de tâches répétitives et ingrates.
Je reviendrai sur le titre dans quelques mois afin de voir si le côté combat / conquête / domination a été amélioré, en attendant ce titre est à réserver aux fans de survie / construction.