Edito 2018

L’année 2017 a été une année plutôt irrégulière au niveau des sorties de RPG PC, avec la sortie en début d’année de deux titres très attendus, pour lesquels les attentes étaient très, voire trop élevées, lesquels ont de fait généré une certaine déception chez les joueurs. On parle bien entendu de Mass Effect Andromeda et de Torment: Planes of Numenera, suivi de plusieurs mois sans sorties notables puis d’un automne plutôt intéressant, avec d’excellents titres, tels que Divinity Original Sin 2 ou Elex.

On notera que chacun de ces titres avaient d’immenses atouts, pouvant chacun être apprécié pour ses qualités à condition de garder l’esprit ouvert et de ne pas avoir de fausses attentes. Jamais depuis que j’écris des tests de RPGs, je n’ai été autant en contradiction avec la plupart des tests qui ont été publiés.

Après une année 2016 particulièrement calme, on peut dire qu’avec quatre sorties d’envergures au gameplay très différent, l’année 2017 aura été riche dans sa variété de jeux de rôles, s’adressant à un public très différent et par conséquent devant convenir à tous les goûts.

Concernant les annonces de nouveaux titres, on s’étonnait fin 2016 de l’absence d’annonces de gros RPGs en développement, et cette année 2017 n’a pas vraiment fait mieux avec des annonces peu à même de susciter un enthousiasme débordant.

Lorsqu’on lit un peu entre les lignes, les signes sont d’ailleurs plutôt alarmistes, non seulement pour le bon RPG solo des familles que l’on aime tant, mais également plus généralement pour la production vidéoludique haut de gamme en général où un faisceau convergeant d’éléments font craindre le pire pour les prochaines années.

On constate tout d’abord une tendance extrêmement négative des critiques sur Internet, visant à discréditer les sociétés de production de jeux vidéos dès le moindre faux pas, dès la moindre maladresse, et à démolir leurs jeux, aussi bons soient-ils, en raison de détails parfois futiles.
On notera :
Mass Effect Andromeda, crucifié en raison de l’aspect graphique inexpressif de ses personnages (mon Dieu ! il aurait fallu écarteler les développeurs pour ça…),
Torment: Planes of Numenera, démoli en raison de certains éléments en projet lors du Kickstarter, mais qui n’ont pas été implémentés dans le jeu,
Elex, qui s’est fait lyncher pour être un jeu exigent, avec un gameplay …purement Piranha Bytes, dans un monde à l’originalité pas toujours très inspiré, et bien évidemment globalement loin de ce qu’a été The Witcher 3.

Seuls quelques studios bénéficient d’une aura de bienveillance de la part des joueurs et de la part des critiques, peut-être due à leur politique commerciale, cherchant à rentrer dans les bonnes grâces des joueurs, que ce soit par l’absence de DRM, ou par la diffusion anticipée des les premières versions de leurs jeux pour avoir le retour des joueurs et adapter leur projet selon les critiques. On évoque bien entendu ici Larian Studios ou CDProjekt Red. A ces derniers, j’adresserai simplement une mise en garde : faites attention à maintenir cet aura, le vent peut tourner à la moindre erreur de communication ou décision stratégique malheureuse. Le capital sympathie d’un éditeur est visiblement devenu un des éléments indispensable pour les ventes d’un titre.

Les réactions épidermiques de certains joueurs à la simple annonce de certains éléments « en ligne » pour Cyberpunk 2077 en dit long sur l’état d’esprit de certains.

A côté de ces critiques souvent injustifiées se retrouvent fait des ventes bien en-deçà des attentes pour certains titres. Non pas que leur communication ait été totalement désastreuse, mais nombre de joueurs semblent dorénavant avoir du mal à se faire à l’idée de débourser une somme certaine pour acquérir le dernier jeu solo « triple A ». Avec des revenus provenant depuis peu majoritairement des contenus additionnels et des micro transactions, le calcul fait par les éditeurs pourrait bien signer la mort du jeu solo à gros budget tel qu’on le connaissait.

Ce ne sera pas non plus l’annonce de l’échec commercial des derniers opus de grosses licences, ou l’annonce de leur mise en standby en raison de leur mauvaise presse qui rassurera. On pense à Dishonored 2, Mass Effect Andromeda mais aussi à la fermeture de certains studios.

Sur ces considérations un peu catastrophistes, il convient pourtant de garder un peu la tête froide. Le monde du jeu vidéo est en perpétuelle mouvance et outre les considérations financières, les auteurs de jeux vidéo sont souvent des passionnés qui n’attendent pas grand chose des gros éditeurs et finissent d’une manière ou d’une autre à réaliser « LE jeu » qu’ils souhaitent, via des moyens alternatifs. Quelque part, avec le nombre d’outils existants, même les studios les plus modestes peuvent arriver à produire quelque chose de bien, pourvu qu’ils en aient le talent. Quelque part, il devient parfois difficile de différencier certains jeux « triple A » avec des titres produits par de petits studios.

Bref, on peut se demander de quoi sera fait l’avenir du RPG PC, mais les prochaines années seront sans aucun doutes décisives.

Concernant le Dagon’s Lair, contraintes professionnelles obligent, j’ai dû laisser un peu le test de titres d’envergure à la plume de Killpower, ou d’Ouil of ze be holder, et je les en remercie vivement. Difficile en effet de sortir un test dans un délai raisonnable lorsque l’on court plusieurs lièvres à la fois.

Qu’importe ! J’ai toujours considéré le Lair comme une auberge espagnole, toutes opinions sur les jeux sont bonnes à y être exprimées dans la mesure où elles sont motivées.

A noter d’ailleurs que le site a été intégralement migré sur un petit Raspberry Pi, et est dorénavant auto-hébergé. Je remercie Arfy pour l’énorme coup de main qu’il a apporté et KlownKiller pou les ajustements. Le résultat final est plus que satisfaisant, et je dois dire que le contrôle des spammeurs s’en trouve facilité, tout comme l’inscription de nouveaux utilisateurs.

De votre côté, vous lecteur, je compte sur vous pour faire vivre le site par vos commentaires sous les news ou la Tribune. C’est infiniment plus gratifiant de voir le site vivre que de suivre sa fréquentation par les statistiques Google.

Je maintiens par ailleurs l’appel constant aux candidats pour contribuer au site. Pas de rémunération, mais surtout la possibilité de faire entendre sa voix sur la production vidéoludique actuelle et parfois l’opportunité d’accéder à des versions de test. C’est surtout pour l’actualité que toute aide serait la bienvenue.

Bilan 2017

Jeux solo

Malgré les retours parfois mitigés pour certains titres, les quatre lauréats offrent d’excellentes expériences de jeux, très diversifiées. Les 3 premiers offrent un gameplay « old school » très différent, le dernier est plus « grand public » mais chacun peut être vraiment apprécié pour ce qu’il est à condition de savoir à quoi s’attendre :

Divinity Original Sin 2

Sans surprises, c’est le titre de Larian Studios qui emporte tous les suffrages et mérite le titre très envié de RPG de l’année. Avec ce dernier, le studio réalise presque un sans fautes, avec un pur jeu de rôle aux mécanismes peaufinés à l’extrême, offrant une liberté inégalée dans un tel jeu. On y a apprécié la progression des personnages, les combats très tactiques (quoique très nombreux), l’exploration, tout comme les multiples manières de résoudre les quêtes. Cerise sur le gâteau, les visuels sont très réussis et l’ambiance sonore de haute volée. Le scénario, un tout petit peu en-deça, reste d’excellente facture et l’écriture est bien meilleure que sur le premier volet.

Elex

Du Piranha Bytes pur jus, un RPG teinté d’action avec ses combats plutôt lents et laborieux au départ, mais offrant une véritable sensation de progression au joueur. La logique du monde est peut être difficile à appréhender, mais il reste original, riche, et offre une grande densité de choses à faire et à découvrir malgré sa taille. Bref, un classique, malgré la réception chahutée qu’il n’a pas mérité par certains médias.

 

Torment Planes of Numenera

Dans un registre type du RPG verbeux, avec de très nombreux personnages à rencontrer, de situations à résoudre et surtout des pages de texte venant enrichir un monde très complexe. Torment est un jeu de rôle très orienté dialogues, à tel point que les combats y sont rares. Bref, un jeu totalement atypique, à aborder avec l’esprit ouvert et l’envie de découvrir un monde et ses protagonistes via la lecture.

Mass Effect Andromeda

Seul RPG « triple A » du lot, avec un développement au coût faramineux, et un gameplay moderne produit par un grand studio. Ce dernier, s’il n’a peut être pas réussi à garder la richesse exceptionnelle du monde dépeint par la trilogie originale, reste un excellent titre de SF d’exploration et d’action tactique. Probablement le dernier de la série, mais qui n’aurait pas mérité le « bad buzz » qu’il a subit.

On gardera aussi en tête la sortie de South Park Fractured but Whole pour les fans du genre, et dans les petits jeux indépendants on notera The Dwarves, le très bon Expeditions Vikings et Seven qui méritent le détour.

Dans le style Dungeon Crawler en case par case, il ne fallait pas non plus louper Vaporum.

Ah et puis j’oubliais, 20 ans après, l’arlésienne Grimoire, est sorti ! Un peu trop tard et quelque peu décevant d’après les retours. A réserver aux nostalgiques qui sont restés en 1999.

Jeux online

Pas de grosse nouveauté dans les jeux de rôles en ligne, le tenant du titre du meilleur RPG en ligne du moment reste Elder Scrolls Online, avec la récente sortie de son extension Morrowind, qui permet, via un gros scénario solo de (re)découvrir le monde de Morrowind. Les retours sont excellents, et si les univers en ligne ne vous rebutent pas, il s’agit d’un titre à découvrir incontestablement.

Pour l’année 2018

Avec quelques grandes arlésiennes qui doivent enfin sortir et quelques jeux récemment annoncés, l’année devrait être bien prolifique. Si de nombreux titres semblent prometteurs, il est cependant quasiment impossible de savoir lesquels tiendront vraiment leurs promesses, et pour une fois, pratiquement aucun d’entre eux ne me ferait parier avec certitude sur ses qualités.

Les titres pour lesquels on sait à quoi s’attendre, à défaut de savoir si ce sont des valeurs sûres :

Pillars of Eternity II : Ni plus ni moins le second opus de ce RPG « old school » au scénario fouillé et aux mécanismes de jeux plutôt complexes. Pillars of Eternity 2: Deadfire proposera de se focaliser sur la statue de Caed Nua qui était le centre de votre forteresse dans le premier opus. Incarnant maintenant ce dieu antique, celle-ci est revenue à la vie et détruisant tout sur son passage s’est échappée en laissant le héro aux portes de la mort. Afin de sauver son âme ce dernier devra retrouver cette incarnation afin d’avoir des réponses dont la portée serait capable de mener les dieux et les mortels dans le chaos. Cette nouvelle aventure devrait se dérouler sur terre comme sur mer, et offrir des environnements et des cultures très différentes. Sont également annoncés le retour de certains protagonistes du premier opus, des quêtes dynamiques ainsi qu’un véritable agenda des personnages. A noter qu’il sera possible d’importer sa sauvegarde du premier opus.

Kingdom Come Deliverance : Beaucoup d’encre a coulé à propos de ce RPG à gros budget purement médiéval. On sait que les visuels seront fantastiques, qu’il s’agit d’un « triple A », et que le studio s’est évertué à être le plus fidèle possible au monde médiéval tel qu’il a existé. Ce titre semble vraiment LE titre le plus prometteur, mais les retours des salons sont plutôt mitigés, notamment au niveau du système de combat. Il n’y aura qu’un moyen de savoir quelles seront ses qualités, le test au vu de la version finale.

D’autres titres sont sur le papier très intéressants et créeront sans doutes la surprise, mais je suis totalement incertain du résultat final :

Vampyr : un action RPG par le studio DontNod. Le style est prometteur, mais il est difficile de savoir si le côté RPG sera vraiment présent tant les bandes-annonces évoquent un jeu d’action.

Call of Cthulhu : annoncé par le studio Cyanide et l’éditeur Focus Home Interactive comme « un jeu de rôle/investigation incorporant horreur psychologique et éléments d’infiltration, dans un univers profondément immersif ». Intéressant sur le papier.

Shroud of the Avatar : Le RPG solo / multijoueur sélectif / en ligne (au choix), par Lord British à qui l’on doit la série légendaire Ultima. Au vu de l’accès anticipé et de mon expérience, un jeu qui propose un gameplay plutôt archaïque, même carrément « vintage », mais l’ensemble devrait s’en sortir honorablement, surtout au niveau du scénario. Quant à savoir s’il atteindra le niveau d’excellence de la série, cela reste à prouver.

Underworld Ascendant : la suite spirituelle d’Ultima Underworld, dans le style dungeon crawler en 3D avec une gestion intégrale de la physique et d’un écosystème souterrain. Un retour très prometteur sur un concept sympathique et des graphismes assez colorés pour une ambiance réussie. Très intéressant.

Bard’s Tale IV: la suite de l’antique dungeon crawler, avec Brian Fargo d’Inxile Entertainment aux commandes.

Pathfinder : Kingmaker : RPG isométrique avec Chris Avellone qui participe au scénario…

Anthem : action RPG « triple A » (lire TPS multijoueur), beaucoup plus action que RPG et évoquant curieusement le jeu Destiny, dans lequel une équipe de 4 joueurs pourra explorer une jungle luxuriante en exosquelette…

Greedfall : un RPG de fantasy à thème colonial européen du 17ème siècle. Le jeu se déroule sur une île paradisiaque où s’opposent des natifs et diverses nations cherchant à exploiter les ressources locales. On nous annonce de nombreuses quêtes à accomplir en utilisant « du combat, de la diplomatie, de la ruse ou de la furtivité ». Il y aura des compagnons, des fins multiples en fonction des actes du joueur. Il sera possible de se ranger du côté des fanatiques religieux pour convertir tous les habitants de l’île, tout comme se focaliser sur la science pour maîtriser les énergies naturelles….un RPG par le studio Spiders, qui n’avait malheureusement pas laissé un souvenir impérissable avec Bound by Flames et Technomancer, on ne peut pas en dire autant du fort sympathique Mars War Logs.

 

Et dans les petits jeux indépendants :

Stygian : Reign of the Old Ones : Egalement dans la mythologie imaginée par H.P. Lovecraft et développé par un petit studio turc, Stygian sera un mélange de jeu de rôle, de combats tactiques en tour par tour dans des décors 2D inspirés par les illustrations des années 20. Le studio a réussi sa campagne kickstarter, avec un objectif bien modeste, mais ils sont très motivés et leur objectif ne semble pas nécessiter des tonnes de ressources. Le tout pourrait résulter sur une excellente surprise.

Dungeon Kingdom : un dungeon crawler case par case plutôt prometteur. On n’attend que la version finale pour nous y lancer…

Tower of Time : Avec un accès anticipé donnant accès à un début de jeu prometteur, c’est un projet à suivre.

Sacred Fire : un RPG narratif où les décisions du joueur influencées par son humanité et ses émotions dicteront le déroulement de l’histoire. En tant que résistant Calédonien contre la puissance de Rome, le joueur développera la personnalité de son personnage et ses motivations.

Côté online, on notera la sortie en version finale de Conan Exiles, qui reste un mélange MMORPG / survie et construction.

Et pour 2019 – 2020

Wasteland 3 : Le second opus était excellent, dans le plus pur style « old school » avec des combats en tour par tour, ce dernier devrait garder les qualités du précédent avec de nombreuses améliorations. Avec Brian Fargo aux commandes, peu de risques de se planter.

Cyberpunk 2077 : Le nouveau projet de CDProjekt Red, celui-ci est annoncé comme étant encore plus grand et les quêtes encore meilleures que pour The Witcher 3. On peut faire confiance au studio, même si j’ai une petite crainte sur le système de combat qui pourrait fort se transformer en FPS. On verra bien…