Battle Chasers : Nightwar

Lancée en 1998, Battle Chasers est une série de comic books américains de fantasy créée et dessinée par Joe Madureira. Très populaire, elle souffrit d’un rythme de publication chaotique. Le dernier numéro paru en 2001 finit la série sur un cliffhanger qui ne sera jamais conclu dans un numéro 10, l’auteur quittant alors le monde des BD pour devenir designer de jeu vidéo. On le retrouvera dans la société Vigil Games pour Darksiders et Darksiders 2. Mais en septembre 2015, Joe Marureira et quelques membres de la dite société se lancent dans un projet Kickstarter avec une demande de 500 000 dollars. Les fans de la série sont contents et plus de 14000 contributeurs fourniront au total plus de 850000 dollars.  Sort enfin en octobre 2017, Battle Chasers : Nightwar un RPG dans la série éponyme. Alors réussite ou raté ?

Coupons court à toute idée ou fantasme des fans : Cet épisode ne conclut pas la BD, mais reprend certains personnages pour une toute nouvelle histoire, un spin off si j’ose dire. Vous allez donc commencer l’aventure avec Garrisson, un guerrier spécialisé à l’arme blanche, Calibretto le dernier golem de sa lignée avec sa douce personnalité et Gully, une gamine de neuf ans à la recherche de son père qui lui laissa une paire de gants comme seul héritage dont elle use et abuse pour combattre. En voyage dans un dirigeable, le trio se retrouve agressé par un autre vaisseau. Touché, le véhicule va s’écraser dans la nature. Vous allez alors diriger Gully dans un univers 3D isométrique le temps d’un tutoriel très court, ce qui vous permettra de retrouver rapidement Garrisson et Calibretto. On se retrouve alors sur une carte générale qui comprend des chemins à suivre et sur lesquels on croise des ennemis. On pourrait penser que cette carte est ouverte et que l’on peut se balader librement, mais très rapidement, les passages sont fermés et ne seront accessibles qu’en ayant réussi des missions définies. Autrement dit, le jeu se montre plutôt dirigiste. Dans l’aventure, trois autres personnages vous rejoindront, mais votre équipe ne sera composée que de trois personnages les autres attendant sagement au village. Autrement dit, si vous souhaitez monter vos six héros, vous devrez faire du grinding – monter de level obligatoire pour réussir – et des aller-retour à l’auberge pour varier votre groupe. Votre objectif sera de repartir de cette île, mais rapidement votre quête prendra une dimension héroïque avec comme quête finale « sauver le monde ». Un but assez banal en fin de compte qui met en avant multiple combats qui étayent l’histoire que l’on aimerait plus mise en avant. Mais soit passons.

Parce que la première chose que l’on remarque dans ce jeu, c’est sa qualité graphique avec une identité comics très poussée et par exemple une introduction dessin animée qui rend hommage à la BD d’origine. D’ailleurs tout le jeu en lui-même présente un soin et des détails riches et une qualité visuelle extraordinaires qui raviront vos yeux, tout comme est parfaite sa partie technique, même si parfois les temps de chargement paraissent longs. On peut dire que c’est graphiquement le jeu de l’année 2017 à ce niveau là.  Outre des combats sur la carte générale, le monde propose huit donjons se jouant comme des dungeon-crawler. Avant de pénétrer à l’intérieur, ils sont paramétrables et plus votre choix de  difficulté sera grande, meilleures seront les récompenses. Si la vue sur la carte principale est en 2D, les donjons se présentent sous une forme 3D à la sauce JRPG. Il vous faudra faire preuve d’astuces car des pièges et des énigmes devront être déjoués pour pouvoir avancer. Sachez que vous dirigez le groupe visualisé par l’un des trois héros. Ces derniers possèdent deux compétences utilisables un certains nombre de fois, qui peuvent être activées dans ce mode donjon avant même de passer en mode combat. Ainsi pour faire simple, l’un possède une compétence de soin de votre équipe, l’autre une compétence permettant d’assommer vos ennemis. Un avantage non négligeable lorsque vous passez en mode combat : Vous vous retrouvez avec vos trois héros à gauche faisant face à vos ennemis qui peuvent être unique ou plusieurs à droite, ou constitués de plusieurs vagues.  

Dans ce mode à la sauce Final Fantasy, chaque belligérant a sa propre initiative et agit à son tour. Si vous utilisez une compétence simple comme donner un coup, l’action sera résolue immédiatement. Si c’est une compétence spéciale, il faudra un certain temps avant qu’elle ne se déclenche. Il vous faudra donc anticiper par exemple les sorts de soins de votre golem avant que vos autres personnages soient KO. Libre aussi au personnage d’utiliser des objets, de se mettre en mode défensif ou encore de fuir le combat. Chaque compétence particulière use de la surpuissance en premier puis du mana. En effet, à chaque fois qu’un héros agit, il gagne un peu de surpuissance. Ainsi cela permet de limiter la consommation de son mana.  

Un système de combat au tour par tour appréciable et sympathique qui se montre assez dynamique grâce à des animations du plus bel effet. Les combats  vous demanderont d’avoir un esprit aiguisé dans le mode de difficulté le plus élevé. La victoire amène de l’expérience et des objets de différentes qualités que vous pourrez équiper, s’ils sont adaptés à votre personnage et s’il a le niveau requis. Reste que l’échec vous renvoie à la dernière sauvegarde et vous perdez toute progression déjà effectuée dans le donjon. Sachez que ces derniers, créés aléatoirement, demandent que votre équipe aient un certain niveau pour pouvoir les réussir. Cela demande donc de faire évoluer vos personnages sur la carte principale sur laquelle les ennemis pumpent aléatoirement. Obligation de leveling qui peut ennuyer les joueurs.  

On rencontrera des mini-jeux comme la pêche qui n’amène pas forcément un plus à l’aventure mais juste de la diversité, ou encore ces documents interactifs dans les donjons qui selon vos réponses vous offrent des récompenses en fonction. Bien sur, le village central vous permettra d’échanger avec les différents PNJ, de faire du commerce ou encore des quêtes annexes. Un système de craft efficace pourra compléter votre temps libre. Un plus appréciable même s’il reste noyer dans le flot de combats qu’il vous faudra mener.  

Niveau RPG, on reste sur sa faim : pas de création de personnage en début de partie, les six personnages étant déjà prédéfinis, pas de dialogue avec choix multiples. Une évolution automatique, même s’il est possible de choisir les compétences de ses personnages. Il en résulte un jeu de combats tactiques en mode Final Fantasy plutôt qu’un véritable RPG. Chaque personnage, même si leur background reste en retrait, présente un intérêt et on aimera les peaufiner. Du coup on s’y attache même si jouer une gamine de 9 ans avec des gants de boxe n’est pas des plus immersifs. Le lore reste ultra développé et vous permettra de vous familiariser avec l’univers.

Le son et la musique sont de bonne acabit et la VF intégrale a le mérite d’exister (audio et textes), surtout quand on sait que les jeux en français intégral se font rares de nos jours. Il y a bien quelques dialogues un peu surjoués, mais cela reste correct dans l’ensemble.  

 


Mission réussie pour l’adaptation de l’univers Battle Chasers dans un jeu vidéo. Quand on sait que le créateur de la BD est aux commandes, on se doute bien que la partie graphique est une réussite. Plus un jeu stratégique qu’un RPG, Battle Chasers : Nightwar ravira les fans de la série et pourra être apprécié des nouveaux venus sachant que l’histoire correspond à un spin off et vous prendra une trentaine d’heures. En français intégral, on pourra lui reprocher son leveling et ces nombreux aller-retour qui pourrait causer l’ennui sur la longueur. En tout cas, un jeu à posséder si vous aimez ce style.


– Leveling obligatoire

– Notion RPG en retrait

– Une histoire banale en fin de compte diluée ….

 

…..+ dans un RPG stratégique de qualité

+ Visuels et graphismes au top

+ VF audio et textes

+ Bonne durée de vie

+ Univers riches et bonne adaptation.

+ Jeu tour par tour dynamique.