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Pillars of Eternity II: Deadfire
Très attendu dans une actualité RPGesque faiblarde, le quasi AAA Pillar of Eternity 2 (POE 2) débarque un chouiilla en retard sur l’horaire. Exit le renaissance-fantastique à l’européenne, et cap sur les îles pour un voyage riche en rhum arrangé, en cocotiers et en histoires de pirate.
Et bam ! À peine le temps de profiter de votre petit royaume à vous à la fin du premier POE et vous voilà mort. La faute à un dieu retord réincarné dans une statue qui un beau matin décide d’aller ravager des lointaines îles. Votre destin se retrouve donc inexorablement lié à ce géant vert ravageur d’archipel, une sorte de croisement entre Godzilla et Dr. Manhattan dans Watchmen.
Ressuscité dans le corps de votre choix (à vous de refaire votre personnage à l’identique si vous souhaitez rejouer votre personnage du 1) vous êtes libre d’importer les choix de POE1 ou un ensemble de scénario types ou sur mesure.
Et comme la mort c’est vraiment pas juste, vous repartez du niveau 1.
La création de personnage offre un choix improbable de combinaisons, grâce à la possibilité de multiclasser 11 classes. De plus, contrairement à un bon vieux Dnd époque Baldur, aucune restriction de races ne vous empêchera de construire le Voleur/Paladin de votre choix. Mieux, chacune de ses classes dispose de 1,2,3 voir 4 « kits » de sous-classes. Enfin, il existe des sous races (elf des marécages, nain de jardin) des origines et des historiques (esclaves en fuite, mercenaires etc etc).
Des milliers et des milliers de possibilités de personnages vous attendent, avec bien sûr des combos mortelles dégoulinantes de grobilissme qui font déjà les colonnes des sites de powergamers. C’est un bon point pour la rejouabilité, comme la possibilité de créer de toute pièce ses propres sous-fifres à la place des PNJ imposés.
Quel dommage cependant qu’un arbre de compétence faiblarde ne propose finalement pas tant d’option avec la levée de niveaux. On se rattrapera en piochant à son choix entre les deux classes ,les « perks » qui vont bien. Schématiquement chaque classe de personnage puise sa force d’un stimulus (sadisme pour les clairvoyants, masochisme pour les moines, temps qui passe pour les invocateurs) et dispose d’un « niveau de pouvoir » qui traduit les effets directs de ses capacités. Enfin il est possible d’en mettre un bon coup avec une attaque boostée périodique pour terminer un boss.
Viens danser, sous le soleil des tropiques !
Vous pensez sans doute que toutes ces possibilités vertigineuses vont accoucher de combat au cordeau exigeants et stratégique à mort ? Et bien vous vous fourrez le perroquet dans l’œil moussaillons.
En moyen on se balade, et avec une bonne équipe on peut sans doute terminer le jeu sans utiliser la pause une seule fois avec des bastons en mode rapide. La faute (si vous m’épargnez l’expression) à une intelligence artificielle redoutable qui fait presque tout ce qu’il y a à faire mieux que les ennemis. Les combats foutraques de POE1 sont de retour et c’est toujours un peu le chaos. Les stratèges devront donc viser le difficile (et au-delà pour les bons) et désactiver l’IA pour s’amuser un peu. À noter que le soft propose de scaler les ennemis (vers le haut et/ou vers le bas, pour la quête principale ou partout) et qu’ayant ces béquilles de jeux en horreur j’ai désactivé le scaling auto. Ce qui ne m’a pas empêché de tarter magistralement des ennemis 4 ou 5 niveaux supérieurs au mien. Là où le donj’ de POE1 m’a fait pleurer des larmes de sang et de frustration en moyen (et obligé à mettre en facile pour ces fichus dragons).
Les îles vous tendent les bras donc. Et elles sont si belles. On retrouve là un souci du détail (petits oiseaux qui volent, grandes cartes magnifiques) qui a su sublimer l’inspiration de l’Infiniti Engine. Vraiment le jeu vous en offre plein les mirettes et les oreilles (à l’exception d’un thème particulièrement relou) avec des animations de qualité. On restera cependant plus circonspect sur la carte du monde (où vous allez passer du temps à naviguer et marcher) assez basique. La référence qui vient à l’esprit c’est le méconnu Storm of Zehir (DLC pour Neverwinter Night 2) qui faisait plus beau, 10 ans auparavant. Dommage.
Et ça m’a coûté des sous, c’est dla Plaisance, c’est le pied !
Mais comme la mer c’est dégelasse, la croisière ne sera pas une partie de plaisir. À la tête d’un équipage de soiffard payés en bière et autres videurs de dauphins il vous faudra vous faire respecter.
Entre en compte donc un aspect micro gestion (filer à boire et à bouffer à vos matelots, et acheter des navires et améliorations) assez simple qui possède quand même la vertu d’introduire l’expérience et la spécialisation de sis-mentionnés crapules des mers.
Et histoire de montrer qui est le boss vous jouerez aussi occasionnellement du canon avec les autres capitaines. Purement textuels, les combats maritimes pourraient être mieux valorisés s’ils vous incitaient à les mener. Mais pour des raisons pratiques (approvisionnement et réparations) on a aussi vite fait d’aborder les Ecrevisse de rempart et autres Gabier de poulaines pour une bonne grosse émeute de pont supérieur, bordélique à souhait.
Ça fait rire les oiseaux ça fait chanter les abeilles
L’histoire ? Elle tiendrait sur un mouchoir de poche. Elle est aussi pauvrette en rebondissement. A partir d’un hub (une énorme ville au centre de la carte) vous allez globalement faire livreur Fedex pour plusieurs factions aux agendas divergents bien décidés à mettre les îles en coupe réglée. Même les quêtes des PNJ sont moyennes et ma pauvre tentative de Romance a échoué lamentablement au premier râteau. C’est pas grave, je suis marié à la mer. Mais il est difficile de sur-scénariser une trame scénaristique ouverte. Reste quand même le plaisir d’explorer la carte à son rythme et sans contrainte puisque très rapidement vous êtes entièrement libres de vos déplacements. Encore une fois, des interludes textuels illustrés vous permettront de faire face à des évènements aléatoires et d’effectuer des jets de compétence, à la manière d’un livre dont vous êtes le héros. J’ai beaucoup apprécié cette fonction dans POE1 et son retour est franchement bienvenu.
L’aventure ne manque pas d’humour bien dosé (même si Eider balance moins de vannes et la poissonnière de Ménilmontant incarnée dans le mage est plus discrète) et joue parfois sur certains clichés du RPG (le gros démon rouge à la Buffy, l’épée qui parle). Petite originalité, le jeu couvre les relations entre PNJS, et ils sont paraît-ils susceptibles de se taper dessus.
C’est toujours bien écrit, décemment traduit, avec un petit lexique à la Tyranny qu’il suffit de survoler pour retrouver des termes propres au jeu, argot compris. L’air de rien ces petites touches discrètes dénotent une interaction avec la communauté. Et modernisent les mécanismes des Baldur-Like en terme d’expérience utilisateur.
On pourrait continuer à parler du craft et des améliorations (assez standards) des bugs « relous mais pas rédhibitoires » de la fin (convenue) et des perspectives appétissantes de DLC.
Arrivé à ce point on peut déjà parler d’un grand jeu. Malheureusement, pas d’un chef d’œuvre de par son relatif conformisme et son manque d’audace scénaristique mais de plusieurs dizaines d’heures de plaisir non simulé (une cinquantaine dans mon cas).
Si vous partez avec des attentes raisonnables, le goût de l’aventure sous les alizés vous emportera et je vous conseille vivement de contribuer à la survie du genre en vous portant acquéreur de ce bijou.
Ouil-of-the-kraken-holder capitaine du Bourte « Le sashimis de l’enfer ».
Graphismes & sons 4,5/5
C’est beau, ça sonne bien et c’est même pas de la 3D!
Interface de combat 4/5
Des petits bugs, combats toujours foutraques. A noter une IA excellente.
Scenario 3/5
Petite déception que compense l’exploration.
Fun/Jouabilité 4/5
On ne boude pas son plaisir. Les petits détails d’UX font la différence.
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