Alors que la définition du RPG se fait de plus en plus floue, la série Assassin’s Creed n’avait jamais été qualifiée de RPG jusqu’à Assassin’s Creed Origins qui s’en rapprochait le plus.
Ce dernier, pour notre plus grand plaisir a opté pour un gameplay orienté RPG en phase avec de qui avait fait le succès d’un autre vrai RPG open world, The Witcher 3.
Le pari était plutôt réussi, et si les mécanismes de compétences du personnage et de l’inventaire restaient assez sommaires, ils avaient le mérite d’exister et donnait une véritable sensation de progression. Le tout couplé à un système de progression, des quêtes et de l’exploration, le dernier opus ne pouvait être qualité de vrai RPG, mas s’en rapprochait furieusement.
Avec Assassin’s Creed Odyssey, Ubisoft a remis le couvert, essayant d’approfondir les nouveaux mécanismes mis en place par Origins, tout en essayant d’approfondir certains aspects… au détriment d’autres.
Après l’Egypte antique, c’est le tour de la Grèce antique de proposer son terrain de jeu, et quel terrain de jeu. Déjà très impressionnant dans Origins, la taille du monde et les détails qui y sont apportés sont légion. Que ce soit le Péloponnèse, Delphe et son oracle, les rues d’Athènes ou au fond du maquis grec, Ubisoft s’est surpassé. Le monde fourmille de vie, le travail de reconstitution est impressionnant.
Permettant d’incarner Alexios ou Kassandra, ce nouvel opus de la série vous propose quelques options inédites. Il sera tout d’abord possible de prendre part au conflit opposant Sparte et Athènes par la participation à certaines batailles, que ce soit de manière offensive ou défensive, avec des récompenses différentes selon la difficulté de la mission en question.
Ainsi, le joueur sera à même d’aider l’une ou l’autre de ces deux factions et chose inédite, les missions auront plusieurs débouchées possible, avec des choix.
Ces fameux choix scénaristiques propres à de nombreux jeux de rôles font en effet leur apparition dans la série. On se surprendra à revisiter des endroits totalement transfigurés par les choix effectués par le joueur. On notera même plusieurs fins possibles en fonction des options choisies. C’est une nouveauté, et non des moindres.
Lorsqu’on rajoute des quêtes annexes plus significatives et dont les ramifications s’imbriquent dans la trame principale, on ne peut que saluer la direction que prend la série au niveau de son gameplay.
Seules quelques scories propres à l’origine de la série subsisteront, avec quelques retours dans le présent, le problème du monde trop grand avec points de vue à synchroniser, bref, quelques points de gameplay aujourd’hui un peu surannés dont on se passerait bien.
Toutefois, c’est plus du côté de la fidélité et de l’écriture globale que le bas blesse. On déplorait un peu dans Origins que le côté historique était plutôt laissé de côté au profit du gameplay, mais si le scénario prenait quelques libertés avec l’histoire, celui-ci avait le mérite de rester réaliste et proche de la réalité historique de l’époque. Bref, le côté documentaire restait présent.
Avec Assassin’s Creed Odyssey, la reconstitution historique demeure. On croise en outre de nombreux personnages connus, entre Periclès, Socrate, mais le studio a opté pour un scénario résolument orienté mythologie. On va croiser le bestiaire fantastique, mais le titre va aussi sombrer de plus en plus dans ce délire métaphysique de science fiction qui prendra le pas sur la situation géopolitique de l’époque, et c’est un peu dommage.
Encore plus dommage est la faiblesse d’écriture par rapport à l’opus précédent. Alors certes, les quêtes annexes sont plus fouillées, plus significatives et certaines auront un impact réel sur la trame scénaristique principale, mais cette trame principale… entre incohérence et désintérêt total, on a l’impression que les scénaristes ne savaient plus trop quoi écrire.
En quelques mots, si je dois définir Assassin’s Creed Odyssey, on peut parler d’un Assassin’s Creed Origins amélioré au niveau de ses mécanismes, mais ne lui arrivant pas à la cheville au niveau de l’écriture et c’est bien dommage.
On soulignera toutefois la prouesse technique, le monde grouillant de vie, le mode exploration dans lequel ne figureront pas les aides sur le radar (il faudra se servir de son aigle), la réussite globale des batailles navales et et une foule d’autres petites améliorations.
Mais bon sang… embauchez un vrai scénariste.