Thief

Thief est une sorte de mythe, l’un de ces jeux d’un temps révolu, dont le gameplay à a fois exigeant et non directif nécessitait un véritable investissement personnel de concentration et de patience.

Comme souvent, créer une suite ou un reboot en essayant de moderniser des éléments du jeu a le don de s’attirer les foudres d’un public dont les souvenirs idéalisés sont sources de déception.

Thief

thief_guetteurGraphiquement, comme son ancêtre sur les machines de l’époque, Thief est assez joli à l’oeil. Ainsi qu’Eidos Montreal sait si bien le faire, on l’avait vu avec Deus Ex Human Revolution, ceux-ci excellent dans la mise en place d’une véritable ambiance de jeu. S’il ne faut pas non plus s’attendre à une révolution technique, Thief est bien sympa à regarder, et l’ambiance délicieusement médiévale « steampunk » est bien rendue.

Avant tout c’est au niveau des paramètres de jouabilité que Thief excelle. Alors que son ancêtre présentait une jouabilité assez « hardcore », lorsqu’on lance sa première partie du jeu, on ne peut choisir que trois niveaux de difficultés, offrant pour la plupart nombre d’aides visuelles que le grand public appréciera. Pourtant, le joueur cherchant à retrouver les sensations du premier opus sera à même de paramétrer manuellement nombre d’options. Et là, chapeau bas. ThiefIl sera possible de désactiver, la concentration metttant en surbrillance les éléments du décors avec lesquels on peut interagir, obliger les attaques furtives ou encore toutes les aides d’interface facilitant le jeu. Bref, par un paramétrage avancé Eidos Montreal a trouvé le moyen de mettre tout le monde d’accord, afin de permettre la personnalisation complète de l’expérience de jeu.

ThiefAlors oui, ce que j’ai pu lire sur nombre de sites tirant à boulet rouges sur ce titre est vrai, le jeu a été édulcoré par un grand nombre d’aides activées par défaut. Il suffira pourtant que d’un tour sur le panneau des paramètres avant de commencer pour façonner son expérience de jeu à ses attentes. Quelque part, un nombre plus élevé de niveaux de difficulté aurait permis d’être un peu plus parlant pour le joueur qui n’a pas le réflexe d’aller explorer les paramètres du jeu pour le façonner à son goût. Quelque part, j’ai failli me faire avoir par le piège de conclure trop rapidement à un dilution du gameplay pour plaire au plus grand nombre.

ThiefAu niveau du jeu proprement dit, on est en territoire connu pour la série. Il s’agit d’effectuer un certain nombre de missions d’infiltrations, en évitant à tout prix les confrontations. Garret est avant tout un voleur et non un combattant. Au long des huit chapitres et des diverses missions qu’elle contiennent, notre voleur devra passer de zone d’ombre en zone d’ombre, en évitant autant que possible de faire du bruit, grâce à la gestion poussée de ses déplacements, par le contrôle de la rapidité (course, glissement, normal, furtif et très furtif), mais également des surfaces sur lesquelles il se déplace.

Il faudra gérer les sources de lumières pour les éviter, les éteindre (en espérant que les gardes ne les rallume pas), sans compter les animaux qui sentiront votre présence, bref, le gameplay de Thief premier du nom a été préservé et même enrichi.

On notera aussi une intelligence artificielle visiblement pas trop scriptée et parfois surprenante. Alors que nombre de titres nous avaient habitués à des réactions scriptées, il ne sera pas rare de voir un garde changer totalement de comportement entre deux parties chargées pour le même endroit, ce qui rendra le jeu plus imprévisible, plus réaliste.

ThiefDe manière anecdotique, on notera la présence de quelques mini-jeux ou animations, trouver un loquet derrière un tableau, désamorcer un piège ou déverrouiller un coffre ne sera pas particulièrement élaborés, mais ils ajouteront quelque chose à l’aspect infiltration, par le temps qu’ils prendront, ou le cliquetis tonitruant que déclenchera le voleur trop pressé…

En définitive, on appréciera toujours la richesse de l’environnement, magnifiquement détaillé, avec un level-design faisant part belle à la verticalité et aux tactiques de Garrett à découvrir pour éviter gardes et autres ennuis, le tout rehaussé par quelques enrichissements qu’Eidos Montreal aura implémenté.

ThiefPlus gênant sera l’aspect scénaristique global. Après un tutorial-premier chapitre assez fouillé, on aura touché à toutes les ficelles du « métier » de notre kleptomane steampunk médiéval, et l’accès à son antre, le beffroi sera ouvert, avec tous les outils de voleur qu’il contient. Au coeur de la cité, faisant office de point central qu’il faudra parcourir pour lancer chapitre, missions ou petits boulots, permettra également une exploration libre, histoire de délester ses voisins de leurs encombrantes richesses. On appréciera peut être la diversité des niveaux à explorer, mais l’histoire globale n’est malheureusement pas un modèle du genre. Il ne faudra pas compter dessus pour se trouver tenu en haleine par le scénario et ce sera plus l’attachement à ce type de gameplay qui fera avancer le joueur… ou non.

Plus généralement, on regrette aussi les limitations techniques relatives à l’aspect multiplateforme du titre. On ne relèvera pas l’aspect graphique, quelque peu en retrait par rapport à ce qu’on pourrait attendre sur un PC haut de gamme, mais plus par l’affectation d’un trop nombre d’actions contextuelles affectées qu’à une touche. Si le clavier est géré et paramétrable, le gameplay et l’interface ont été pensés pour pouvoir tout faire avec les quatre touches du pad, et cela nuit un peu à la fluidité des commande. Il est également un peu dommage de réaliser que les programmeurs ont du découper la cité en quartiers afin d’éviter visiblement de surcharger la mémoire des anciennes consoles. Cet aspect n’est pas trop gênant lorsqu’il s’agit d’un jeu de rôle en milieu clos. Par contre pour un titre faisant la part belle à l’exploration et à l’aspect technique, on ne peut que se remémorer un titre comme Dishonored, et à cet égard c’est un peu dommage, car malgré ses qualités, le titre a du mal à supporter la comparaison.

Eidos Montreal est un studio de développement qui connaît la musique, et qui sait comment reprendre et améliorer le gameplay d’une ancienne licence sans la trahir. Ils avaient fait un quasi sans-fautes pour Deus Ex Human Revolution dont l’excellence était temporisée par les mêmes défauts techniques que Thief. Pour ce dernier, ils ont repris la recette gagnante, mais le tout est malheureusement desservi par un scénario nettement moins inspiré.

Bref, mis à part l’aspect scénaristique très décevant et sa technique relativement limités, Thief en version 2014 est (et reste) un incontournable du jeu d’infiltration.

Thief / Eidos / 2014

Notes

Graphismes & Sons : 3/5

Interface de combat : 3/5

Scénario : 2/5

Jouabilité (fun) : 4/5