Après le calme, la tempête !
Jamais une maxime n’aura jamais été aussi adaptée. Après une année des plus creuses en 2013, l’année 2014 a été l’année de toutes les sorties. Une année riche, même trop riche, où les titres les plus variés ont vu le jour, et disons le tout de suite, meilleurs les uns que les autres.
Même au niveau des déceptions, le plus mauvais de tous ces titres valait à lui seul la peine d’être joué : c’est du jamais vu.
Dans la rubrique de l’excellence, on soulignera les deux projets qui me tiennent à coeur, puisqu’ils marquent une véritable résurrection d’un genre que l’on croyait éteint, et ce, grâce au financement collaboratif, il s’agit de Divinity Original Sin et de Wasteland 2, deux titres que l’on peut mettre sur le podium en tant qu’incontournables.
Autre excellent titre dans la mouvance du retour des jeux de rôles traditionnels, et non des moindres : Might & Magic X : Legacy, qui renoue avec excellence avec une style de jeu que l’on croyait totalement disparu, le jeu de rôle en vue subjective avec gestion d’équipe et combats en tour par tour. Un titre à ne pas manquer pour tous les nostalgiques mais aussi à ceux qui se demandent à quoi pouvait bien ressembler un bon RPG il y a 20 ans mais avec un moteur de jeu actuel et des visuels bien sympathiques.
Autre jeu « old school », plus dans le style « dungeon crawler » à la Dungeon Master, l’excellent Legend of Grimrock 2, qui s’était bien illustré dans son premier opus, réussit maintenant à transcender ce type de jeu de rôle et nous offrir une jouabilité grandiose allant encore plus loin dans la gestion d’énigmes à base de plaques à pressions, pièges et autres.
On n’oubliera pas non plus d’autres très bons titres, tels que Risen 3, qui réussit à revenir vers ce qui faisait le succès de la série, ou encore l’extension (devenue « standalone ») Shadowrun Returns : Dragonfall, deux jeux qui, sans la profusion et l’excellence des titres sortis cette année, auraient pu récolter le titre de jeu de l’année certaines années creuses.
L’outsider d’Obsidian : South Park, est un RPG humoristique tiré de la série, qui parait pas mauvais d’après les retours, mais faut supporter les gags volant assez bas pour déterrer les pissenlits.
Dernier titre d’ampleur et non des moindres, il s’agit de Dragon Age Inquisition. Malgré certains gros défauts tenant à l’interface pensée console et aux combats très brouillons, reste une grosse production de jeu vidéo « triple A » fidèle à ce que sait faire Bioware, avec une qualité d’écriture bien souvent supérieure à tout ce que peut faire la concurrence.
Au niveau des déceptions, je n’en soulignerait qu’une véritable, il s’agit de Bound by Flames, qui sous des atours et un scénario prometteur, n’arrive pas à compenser ses gros défauts de gameplay par des qualités trop moyennes par ailleurs.
Un dernier mot sur les jeux de rôles en ligne, on notera une sortie d’ampleur, avec Elder Scrolls Online, qui semble réussir, grâce à ses indéniables qualités, à perdurer avec succès en tant que jeu de rôle en ligne avec abonnement, face à une concurrence dérivant systématiquement vers le free-to-play.
Faire une hiérarchie entre ces titres est tout bonnement impossible et ne saurait rendre justice aux titres écartés. Si je devais partir sur une île déserte et faire un choix, je serais déchiré entre Divinity Original Sin, Wasteland 2, Might & Magic X : Legacy, mais j’aurais aussi bien du mal à laisser de coté des titres tels que Risen 3, Dragonfall ou même Dragon Age Inquisition.
Au niveau de la tendance générale des jeux de rôles sur PC avec la sortie -et le succès- des titres traditionnels de nombre de ces RPG, bien « hardcore » et traditionnels, la preuve a été apportée, en tant que de besoin, que ces projets étaient viables et qu’il existe un vrai public pour ces jeux.
D’un autre côté on a constaté un essoufflement des plateformes de financement collaboratif, avec seuls quelques rares projets cette année qui ont eu du mal à décoller ou qui n’ont pas obtenu le financement nécessaire à leur développement.
Swen Vincke (Divinity Original Sin – Larian Studio) énonçait que le nombre de personnes prêtes à jouer le jeu en financement un développement de manière collaborative (les « backers ») ne sont pas extensibles, et qu’il essayerait d’éviter de piocher dans cette réserve pour laisser œuvrer de jeunes studios de développement. C’est tout à son honneur, mais le problème vient peut être plus de l’absence de nouveau projet (de RPG) d’ampleur ou digne de ce nom, et également de déceptions qu’on subit certains « backers » face à des projets qui n’ont pas tenu leur promesses (fort heureusement pas dans le domaine du RPG PC).
Bref, le marché a prouvé aux éditeurs qu’il y avait un public, le modèle économique de financement collaboratif a prouvé qu’il fonctionne et à mon sens, on peut espérer voir d’autres jeux dans la même veine à l’avenir, que ce soit par financement collaboratif, ou de manière plus traditionnelle, …voire par un mélange des deux. Seul petit problème, tout le monde s’y étant mis en même temps, les sorties ont été toutes regroupées, on va se retrouver avec un phénomène de grosse accalmie avant de revoir venir les prochains gros titres, au vu du temps de développement inhérents à ce type de jeu. On espère aussi que l’engorgement des derniers mois n’a pas trop eu de conséquence sur les ventes globales, ce serait dommage pour le monde du RPG.
A coté de cela, le spectre de la bâtardisation du genre existe toujours, et Dragon Age Inquisition, malgré ses immenses qualités, le prouve quelque part, puisqu’il s’éloigne des « canons » pur et durs du genre. L’année 2014 a pourtant marqué un tournant, puisqu’une fois n’est pas coutume, c’est lui qui fait exception avec son gameplay empruntant à plusieurs styles de jeu, alors que l’année 2014 était clairement sous le signe du RPG hardcore.
En ce qui concerne la tendance générale des sorties, l’année 2015 va marquer une nette accalmie. La plupart des grosses sorties ont été effectuées dans cette année faste qu’était 2014, et il ne faut pas espérer être surchargé. Ce sera le moment d’écluser le « back catalog » et de jouer à tous les jeux mis de coté au courant de l’année passée.
A noter qu’on ne sera tout de même pas en reste pour l’année à venir, avec les derniers titres (et non des moindres) de ce tir groupé de sorties que l’on attendait, avec The Witcher 3, Pillars of Eternity, ou encore Shroud of the Avatar.
Il faut également s’attendre à de nouveaux lancements de nouveaux projets prometteurs, que ce soit par les éditeurs (les nouveaux RPGs de Larian Studio, ou encore Mass Effect 4) ou par la plateforme kickstarter (Seven Dragon Saga, …).
Plus généralement, niveau matériel, il semble que la Xbox One fasse un semi-flop au niveau mondial, ou plus spécifiquement en Asie, et que Sony ne soit pas dans la meilleure posture non plus. En mettant en parallèle un regain certain pour les ventes de PC, il semble que vent ait l’air de tourner et que notre plateforme de jeu préférée ne soit pas à négliger. Bref, les auspices sont véritablement favorables pour le RPG micro et pour le jeu PC en général.
A noter aussi que nombre d’éditeurs commencent aussi à se rendre compte que les modèles économiques alternatifs (fremium, free-to-play) ne sont pas toujours la panacée à long terme car très incertains. Quelque part, sortir un free-to-play revient à jouer au casino. Beaucoup à gagner, mais aussi beaucoup à perdre.
Pour ce qui est du Dagon’s Lair, après 15 ans d’existence (bon anniversaaaaire…), on continue notre bonhomme de chemin. Je remercie au passage Joris (KlownKiller), Marc (Sergorn), Ouil of ze Be Holder et tous ceux qui ont participé au site, sans lesquels le Dagon’s Lair ne serait pas ce qu’il est. Cette année a été non seulement riche en RPG, mais aussi en rebondissements pour le site. J’ai eu le plaisir d’avoir pu clarifier certains points avec un ancien contributeur du Lair, et de discuter de projets communs. En parallèle on a pu constater aussi que même dans le monde ludique du RPG PC, les à-prioris ont la vie dure. Apparemment certains n’aiment pas ce que je fais ou ne m’apprécient pas… Le plus étrange, c’est que ce sont des gens qui ne me connaissent pas…
Enfin bon, même si le site est loin de fermer ses portes, si des lecteurs ont envie d’apporter leur contribution et de s’investir pour l’actualité et les tests de RPGs, ils sont les bienvenus et je maintiens un appel constant aux candidats pour m’aider pour le site. Pas de rémunération, bien entendu, mais surtout la possibilité de faire entendre sa voix sur la production vidéoludique actuelle et parfois l’opportunité d’accéder à des versions de test.