Risen est un jeu au passé inhabituel. Les personnes du studio de développement germanique Piranha Bytes, sont celles à l’origine de la série Gothic, jeux de rôles bien connus chez les fans du genre, grâce à la grande qualité du premier et du second opus. Les programmeurs ayant pris de l’assurance ont souhaité créer un troisième volet de la série avec de gros moyens, très ambitieux, mais qui, en somme, s’il offrait l’exploration d’un monde immense et une grande liberté, souffrait d’un scénario trop évanescent, de nombreux bugs et d’un système de combat calamiteux. Bref, si ce volet n’était pas un échec commercial, loin s’en faut, il a mis un point final à la coopération entre Piranha Bytes et Jowood, le distributeur, entraînant la perte de la licence « Gothic » au studio de développement qui l’avait créée.
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Risen
C’est donc avec une curiosité mêlée d’une certaine crainte que j’essayais le nouveau né de Piranha Bytes.
Alors soyons clair, les chiens ne font pas des chats. Risen est un pur produit de Piranha Bytes, à un tel point qu’un joueur de Gothic ne sera absolument pas dépaysé par la jouabilité, que ce soit au point de vue de la représentation, des combats, de l’interface de jeu et même du système de progression de votre personnage, …ou, plus gênant, au niveau du scénario comme vous pourrez le constater plus loin. Vous m’en excuserez d’avance, mais les comparaisons seront nombreuses avec Gothic dans ce test, et pour cause !
Graphiquement on est clairement dans le haut de gamme. Chaque itération de Gothic nous proposait des décors subtilement plus jolis que l’épisode précédent, on continue dans une surenchère modérée, et le jeu est très agréable à l’œil. De même, les musiques sont belles, les voix (toutes droites sorties des voix françaises de films) sont très professionnelles et la traduction de très bonne facture. Rien à dire de ce coté là. Seul petit bémol, certaines animations, notamment de monstres, sont minables et il est difficile de ne pas pouffer de rire lorsqu’on appuie la première fois sur la barre espace pour faire sauter son personnage. En un mot : ridicule. Fort heureusement les décors, l’ambiance, les bruitages et le travail des graphistes en font un jeu très agréable à explorer et on prendra plaisir à parcourir cette contrée inhospitalière qu’est l’île de Faranga.
Au niveau de la représentation et du système de combat, c’est du plus pur Gothic. Une vue de dos de votre personnage, un système de combat en temps réel, c’est du grand classique. Autant Gothic 1 et 2 étaient corrects au niveau des combats, puisqu’ils offraient un temps réel relativement tactique (les clics de souris et mouvements en fonction d’un bon timing des mouvements d’attaques) autant Gothic 3 proposait un système similaire mais en voulant faire quelque chose de plus rapide, Piranha Bytes n’avait réussi qu’à implémenter quelque chose de totalement calamiteux, où tous les combats finissaient par devenir un martelage systématique et décervelé de bouton de souris. Avec Risen on se retrouve à quelque chose de plus proche de Gothic 1 & 2, mais avec un rythme plus soutenu genre Gothic 3… Du coup exit le timing régulier, lent et réfléchi des attaques, mais au moins on ne se retrouve pas avec l’horreur de Gothic 3. Les combats en eux-mêmes peuvent être assez intéressants, particulièrement avec des adversaires humanoïdes qui se serviront de tout un panel d’attaques ou de ripostes, mais ils pourront être aussi relativement ennuyeux, particulièrement lorsqu’ils concerneront certains animaux. Généralement, la diversité et les caractéristiques de votre personnage ne suffiront pas, il vous faudra aussi une sacrée dose de dextérité et de persévérance pour défaire certains de vos adversaires. Fort heureusement, le jeu n’est pas radin en potions et aides, et celles-ci seront fort utiles.
La progression du personnage ne dépaysera pas non plus les joueurs. On se retrouve avec des niveaux, des caractéristiques, compétences. At à chaque niveau, le personnage aura droit à 10 points de compétence à dépenser en caractéristiques (force, dextérité, sagesse), ou dans l’une des compétences de combat (épée, hache, bâton, arc ou arbalète), ou encore dans l’une des compétences annexes (alchimie, prospection, dépeçage, pickpocket, ouverture de serrures, fabrication d’armes, etc…). C’est maintenant un système habituel, mais en constante amélioration au point d’être arrivé, à mon sens à maturité.
Point agréable et maintenant habituel dans les jeux de Piranha Bytes, il vous sera possible de faire vos potions, armes, et même de fabriquer quelques breloques magiques. Petit changement, avec le système de magie, basé sur des runes, et qui vous permet également d’écrire des parchemins.
La progression, quant à elle, se fait de manière très lente et le joueur se fera botter le cul en bonne et due forme par certains monstres au début du jeu, pour réussir après quelques niveaux à revenir sur les lieux et prendre sa revanche (quel plaisir de revenir prendre sa revanche après de belles déculottées). Pas d’auto-leveling, et on en apprécie le challenge et le sens de l’accomplissement que davantage.
Au niveau du scénario, on est dans le classique, les dieux ont été bannis par les humains, et par la suite des titans sont sortis de leur prison. Vous concernant, fraichement échoué sur une île, vous devez trouver un moyen de la quitter, mais découvrirez une menace inhérente à l’apparition de temples antiques sur l’île. Pour vaincre, il vous faudra choisir l’une des trois factions de l’île, que ce soit les rebelles, l’inquisition ou les mages du monastère. Les rebelles sont plus ou moins des bandits prônant la liberté à un tel point qu’on en frise l’anarchie totale, l’inquisition se focalise sur ses objectifs sans chercher à aider les populations, et les mages, qui restent dans leur coin, repliés sur eux mêmes et leurs chers bouquins. Si vous êtes rôliste et que vous connaissez la série Gothic, c’est là que le bât blesse. On est en plein dans le scénario de Gothic 1, avec les mêmes trois factions, l’endroit isolé replié sur lui-même avec l’impossibilité de le quitter, le choix à faire pour l’une des factions et au final la grande menace qui se réveille (qui a dit le Sleeper ?).
Pareillement, le choix d’une faction déterminera la classe de votre personnage. Vous voulez être guerrier pur ? seuls les rebelles vous offriront cette opportunité. Mage pur ? Faites vous engager au monastère. Bref, vos affinités détermineront votre classe, et il n’y aura pas d’alternative. De même les armures étant attribuées en récompense à certains actes par le leader de telle ou telle faction, ce qui les rends d’autant plus précieuses. Par contre n’imaginez pas porter plus de 4 armures différentes au cours du jeu et ne croyez pas avoir la possibilité de personnaliser votre personnage à outrance.
Enfin, au niveau des quêtes, on est en net recul par rapport aux premiers opus, surtout comparé à Gothic 2. Celles-ci seront assez classiques, et nettement moins bien pensées. L’influence des choix de dialogues sera assez ténue et au final, la plupart se régleront grâce à votre épée. Un tel manque de variété est d’autant plus dommage que cette variété existait auparavant. Dommage.
Pour être complet, il faut encore parler de la progression du scénario au fur et à mesure de l’avancée du jeu. Au début vous aurez droit à nombre de quêtes différentes, avec des protagonistes en opposition, qui vous mèneront à faire des choix en fonction de vos affinités et de vos besoins. Par la suite, à partir de la moitié du jeu environ, le jeu se transformera vers quelque chose de plus linéaire, où le joueur se retrouvera à explorer donjon sur donjon, jusqu’au dénouement final, sans grande surprise au niveau des protagonistes et des factions restées en surface. Si les donjons sont assez intéressants et posent certaines enigmes relatives aux pièges ou au moyen de passer, on s’attendait à mieux pour le dénouement. Après un début tout en subtilité, avec le choix entre les différentes factions, on se retrouve avec une fin « tuer le méchant », sans aucune autre possibilité, alors qu’il y aurait eu matière à faire quelque chose de bien au niveau des possibilités scénaristiques. Je ne m’étendrai pas sur le combat final, digne d’un mauvais jeu d’action de console, et indigne en tous points d’un jeu de rôle.
Alors que dire en conclusion ? Vous l’aurez compris, je le dis et le répète, Risen est du Piranha Bytes du plus pur style. Si vous connaissiez la série Gothic, avec Risen on est loin des errements de Gothic 3, et revenu à quelque chose de plus proche de Gothic 1 et 2, mais paradoxalement de manière plus frileuse que pour Gothic 2. Le retour aux sources est évident, mais à un tel point que certains n’hésitent pas à le classifier de plagiat, puisque certaines quêtes se retrouvent pratiquement mot pour mot de Gothic à Risen.
Sans nul doute un rôliste nouveau-venu dans les RPGs de Piranha Bytes appréciera Risen pour ce qu’il est, un très bon jeu de rôle avec une forte tendance à l’action (tendance un peu trop prononcée à mon goût). Un ancien de la série, s’il a aimé les premiers opus, appréciera grandement ce retour aux sources (particulièrement après le fiasco Gothic 3), mais en regrettant, pour cette fois-ci, le manque d’imagination du studio de développement. La sensation de réchauffé est nette et omniprésente. On aurait préféré quelque chose de plus nouveau, notamment au niveau scénaristique, quitte à garder leur excellent système de progression du personnage. Enfin bon, on ne doit pas juger un jeu sur ce qu’il aurait du être ou qu’on aurait voulu qu’il soit, mais au final sur le jeu qu’on a en main, et cela le plus objectivement possible.
Pour terminer, et là je dois saluer l’effort de Piranha Bytes, je n’ai eu à déplorer AUCUN bug ni plantage pendant toute la campagne du jeu, c’est indiscutablement positif, surtout eu égard au lourd passé récent du studio de développement.
Risen / Piranha Bytes / 2009
Notes
Graphismes & sons : 4/5
Combats : 3/5
Scénario : 3/5
Jouabilité (fun) : 4/5
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