The Witcher 2, vous met à nouveau dans la peau de Geralt le Sorceleur, humain modifié génétiquement et magiquement afin de se spécialiser dans la lutte contre les monstres, malédictions et démons de tous genre.
Graphiquement soyons clairs, si le jeu propose un moteur sur la base du vieillissant DirectX9, celui-ci est de toute beauté, et The Witcher 2 reste le jeu PC le plus beau qu’il m’ait été donné de voir. On se promène dans des décors féériques, que ce soit dans la forêt profonde, dans un village nain, sur un champ de bataille, sur le chemin escarpé de hautes montagnes ou encore au coeur de ruines elfes. A tout moment le jeu est magnifique, à un tel point que le joueur émerveillé se retrouve à s’arrêter et contempler les magnifiques visuels. CDProjekt a su s’affranchir du moteur de Neverwinter et a, pour notre plus grand bonheur, développé un moteur de jeu 3D digne des plus grands. Les bruitages et les musiques ne sont pas en reste non plus. Bien dosées, les musiques sont très agréables, bien dosées, et savent s’effacer lorsqu’il s’agit d’écouter les bruitages environnants, aidant encore plus l’immersion du joueur.
Au niveau du personnage, pas de surprise. Aucun choix de départ pour le personnage à jouer à effectuer, ni de caractéristiques à sélectionner avant de commencer la partie. Ce sera vos choix dans le développement de votre personnage qui détermineront votre manière de jouer par la suite. Le Sorceleur est avant tout un guerrier, versé dans les arts des runes magiques, mais également dans la fabrication de potions lui permettant d’améliorer ses capacités. C’est dans ces trois branches (guerrier, magie runique et l’alchimie) que se porteront vos choix de compétences au fur et à mesure de l’avancée de votre personnage. Celui qui préfère le combat rapproché choisira le guerrier, celui qui préférera un mélange de combat rapproché et à distance choisira plutôt le mage, et celui qui préférera la planification des combats avec la combinaison complexe de différentes potions choisira celle de l’alchimie. Bien entendu, le choix de l’une de ces voies n’interdit pas l’utilisation des autres capacités de votre personnage, au contraire, mais privilégiera simplement celles-ci.
Les combats, quant à eux restent très orientés action. La formule choisie dans le premier opus reste d’actualité. Le sorceleur devra se battre à l’épée, en acier contre les humains et en argent contre les monstres, chaque clic de souris permettant de donner un coup d’épée. Le système de combat a cependant été grandement amélioré, et le Sorceleur devra parer, contre-attaquer, rouler, afin de trouver une ouverture dans la garde de ses adversaires. Assez déroutants au début, et surtout exigeants, les combats me faisaient craindre le pire lors du prologue. Votre serviteur se faisait laminer dès les premières escarmouches, jusqu’à ce que je comprenne que l’erreur était dans la manière d’aborder le jeu. Nous sommes en présence d’un jeu de rôle avec des combats orientés actions, mais en aucune manière d’un hack’n slash. Combattre un soldat n’est pas trop difficile, en combattre trois à la fois est une autre paire de manche. Il ne faut pas hésiter à utiliser la magie runique, les potions, et surtout combattre intelligemment en se protégeant. Il est clair que de lâcher le joueur dès le prologue en plein milieu de deux armées s’affrontant lors d’un siège, n’était peut être pas la manière la plus délicate de lui faire apprendre les commandes du jeu. Cela dit, une fois le principe assimilé, les combats auront le mérite de proposer un challenge intéressant, jamais impossible, tant que le joueur utilise son cerveau et les moyens mis à sa disposition.
Si le système de combat a bien été amélioré, l’interface relative à la gestion du personnage et de l’inventaire sont plus mitigés. On se retrouve avec des commandes et un affichage proche des jeux console. Voir la description d’un objet demande au joueur de laisser la souris dessus, afin qu’un texte défile tranquillement et donne les renseignements souhaités. Pas très ergonomique lorsqu’il s’agit de comparer des dizaines d’objets de l’inventaire. Pourquoi ne pas avoir utilisé bêtement le bouton droit de la souris ? On sent que CDProjekt a gardé en tête l’idée du portage console, et si le jeu propose une bonne jouabilité au clavier et à la souris, on sent tout de même cette intention sous-jacente de portabilité.
Autre coté qui est un peu frustrant, mais qui reste un choix de design constant pour la série, Geralt est un Sorceleur, un chasseur de monstres errant, sans domicile, ni endroit pour se poser, ou plus précisément pour poser ses affaires. Alors que le jeu proposera de ramasser des tonnes d’ingrédients de potion, ainsi que nombre de composantes d’artisanat, Geralt ne pourra porter tout ce qu’il ramasse. Seule solution, la revente. A plusieurs moments, des recettes de potions et des schémas d’artisanat seront disponibles, mais les ingrédients feront défaut. Rien de plus frustrant que de se retrouver avec le plan de l’armure ultime, alors que la composante pesant un poids certain avait été trouvée au début du jeu et revendue en raison de son poids deux chapitres plus tôt. Il faut faire contre mauvaise fortune bon coeur, et se dire qu’on peut se passer de ladite armure / arme, l’équipement trouvé ailleurs restant suffisant pour parvenir au bout de l’aventure. Certains critiqueront aussi les QTE, ces séquences où il est demandé au joueur de taper sur certaines touches à des moments précis. Ces scènes sont présentes, mais fort peu nombreuses, et, si elles n’apportent pas grand chose à ce titre exceptionnel, elle n’en sont pas gênantes, car très peu nombreuses.
Concernant le scénario, on reste dans le monde très riche et complexe créé par Andrzej Sapkowski. Le jeu propose une intrigue complexe, alors que le Sorceleur enquête sur l’assassinat de son roi, dont on lui fait porter le chapeau. A cela se rajoutera plusieurs intrigues étroitement liées, relatives non seulement au complot, mais aussi à certains objectifs politiques de chacun des protagonistes, tout cela saupoudré à un certain moment d’une malédiction de grande ampleur. Je n’en dirai pas plus, mais le scénario est de taille, et il sera vivement conseillé au joueur d’écouter les dialogues avec attention pour éviter de se perdre dans les méandres du scénario. On retrouvera avec bonheur des dialogues et des scènes résolument adultes, ainsi que des décisions loin du manichéisme ambiant dans nombre de jeux de rôles.
Ici les choix du joueur auront parfois des conséquences bien éloignées des intentions premières du joueur. Le premier opus brillait déjà particulièrement par cet aspect, et il n’était pas rare qu’une décision prise au début du jeu faisait voir son résultat des heures après et influençait directement des détails de l’histoire se déroulant après. Pour The Witcher 2, cet aspect a été particulièrement développé, à un point inédit jusqu’alors. Outre les changements des détails de l’histoire par suite de certaines décisions du joueur, ce sera quasiment le tiers du jeu qui sera totalement différent en fonction du choix du joueur à un moment donné de se ranger au coté des elfes rebelles ou des hommes du roi (autre endroit, autres quêtes). De ce fait, la rejouabilité du titre prend ici toute son ampleur. On regrettera juste un peu le fait que la durée globale du titre ait souffert un peu de ce choix, le jeu, pris une seule fois de bout en bout étant sensiblement plus court que le premier opus.
Vous l’aurez compris, The Witcher 2 est un grand jeu, voire l’un des meilleurs de ces dernières années. Merveilleux au niveau de sa réalisation, de son scénario et de sa jouabilité, il est incontournable pour tout fan de jeu de rôle, mais aussi pour tout adepte de jeu vidéo, même s’il n’est pas exempt de tous défauts. A noter également l’excellence du doublage intégral, la qualité du suivi de CD Projekt par deux patchs successifs allant jusqu’à enlever la protection vaguement problématique à peine une semaine après la sortie du jeu…
Un titre à recommander sans hésiter.
The Witcher 2 / CD Projekt / 2011