Of Orcs & Men

Second titre purement RPG de Cyanide (concept et production), Of Orcs & Men a été développé par Spiders (Réalisation et développement).

Si le moteur de jeu et surtout les mécanismes de jeu présents sont clairement inspiré de leur premier titre, Game of Thrones, il se dégage d’Of Orcs & Men une ambiance totalement différente. Nous sommes ici en présence d’un RPG de Dark Fantasy où le joueur incarne un Orc et un Gobelin dans un monde où l’Empereur humain a décidé d’éradiquer l’ensemble des peaux vertes.

La mission de prime abord semble « simple », mais on se doute bien que les péripéties pour arriver à l’objectif seront nombreuses…

Tout comme Game of Thrones, Of Orcs & Men raconte avant tout une histoire et est totalement linéaire. Ce ne seront sûrement pas la liberté d’exploration ou la foison d’équipement qui feront les forces de ce jeu, et les joueurs pour qui ces éléments sont déterminants de la qualité d’un titre feront mieux de se tourner vers des jeux style Skyrim. Ici, c’est la qualité de l’histoire et des dialogues qui, une fois de plus avec Cyanide, seront les points forts du jeu.

Autrement dit, les deux protagonistes que le joueur incarne progressent au fur et à mesure que l’histoire avance le long de zones « couloir », dans lesquelles se déroulent les combats, entrecoupé par de nombreuses scènes de dialogues. A noter que de la parlote, il y en aura, mais pour le bonheur du joueur. Les deux compères, Arkhail l’Orc, dit « le Boucher de Bay Harbor » une grosse brute Berserker préférant régler ses problèmes à grands coups de massue dans la gueule, et Styx, le frêle gobelin assassin, qui préfèrera éviter les ennuis, deux personnages que tout oppose, n’auront de cesse que de se balancer des petites phrases bien senties tout au long de l’aventure. A tout moments, et pour le plus grand plaisir du joueur, dans le plus pur style des buddy movies des années 90, les dialogues et décisions seront ponctuées des dissentions entre les deux personnages. On notera d’ailleurs la qualité des dialogues, la qualité des doubleurs, et rien que pour ces bonnes tranches de rires, le jeu vaudra le coup d’être joué. Pourtant Of Orcs & Men reste très loin d’être un jeu comique et se déroule toutefois dans un monde sombre, où les orcs et autres peaux vertes font l’objet d’un véritable génocide. Quelques uns d’entre eux deviennent esclaves dans les mines, d’autres subsistent tant bien que mal…Quoiqu’il en soit, on se trouve projeté dans un univers étonnamment réaliste, où l’avenir est bien sombre et où le joueur se trouve confronté à certaines réalités et réflexions donnant une certaine profondeur au jeu. Pour ne rien dévoiler de plus du scénario, je ferai l’impasse sur certaines subtilités scénaristiques rencontrées en chemin, mais on finit par se poser la question de l’intérêt même de sa mission, puisque le fait même d’assassiner l’empereur humain ne peut que jeter l’opprobe sur les peaux vertes vis à vis des humains.

Au niveau visuel, si le jeu utilise un moteur similaire à Game of Thrones, la patte artistique reste globalement meilleure et la technique semble plus aboutie. Il est des endroits de toute beauté, qui, si on ne peut les parcourir dans tous les sens, restent franchement joli. Le tout sera rehaussé par des animations assez réussies, et, surtout, surtout par une bande son de haute volée par Olivier Derivière. Cette dernière, composée exclusivement de violoncelles est d’une qualité rare.

Qui dit RPG, dit également gestion du personnage et combats. Ici, vous l’aurez compris, on ne choisit pas le personnage joué. Ce sera l’Orc et le Gobelin. L’Orc, la grosse brute, sera un personnage faisant des dégâts impressionnants, mais devra gérer sa rage. Au fur et à mesure qu’il assènera des coups, sa jauge de rage montera, tout comme lorsqu’il s’en prendra. Une fois cette jauge pleine, il perdra tout contrôle et tapera frénétiquement sans se protéger sur les ennemis (ou amis) qui l’entourent. Pendant les combats, il conviendra d’utiliser les pouvoirs offensifs et défensifs à bon escient afin d’éviter de se retrouver berserk trop tôt dans la bataille. Styx, le gobelin, quant à lui, jouant du couteau au contact ou à distance, disposera plus d’attaques incapacitantes permettant d’assister son partenaire et devra avant tout éviter les baffes.  On notera également quelques pouvoirs donnant une bonne synergie entre les deux, et, cerise sur le gâteau, la possibilité pour l’Orc de lancer le gobelin sur les ennemis en tant qu’attaque invalidante.

Niveau après niveau, le joueur aura la possibilité de faire évoluer son personnage en faisant monter quelques unes de ses caractéristiques, mais aussi et surtout de choisir de nouveaux pouvoirs ou de les améliorer. Ici et là seront également disséminés quelques rares éléments d’équipement, ce qui permettra une toute petite personnalisation et amélioration de vos compétences de combat.

Les combats proprement dits sont réussis se dérouleront en temps réel avec pause (enfin ralenti extrême, comme pour Game of Thrones), avec la possibilité pour chacun des personnages de chaîner quatre compétences d’avance parmi les actions offensives, défensives ou spéciales. Dans l’ensemble c’est assez bien fait, avec la possibilité pour le gobelin, avant la bataille d’aller préalablement assassiner furtivement quelques uns des protagonistes isolés, histoire de ne pas se retrouver débordé.

Il faut malheureusement reconnaître que le jeu se déroule de manière assez répétitive. On suit le scénario, on avance sur une carte balisée et linéaire avec le gobelin en reconnaissance furtive, on se débarrasse de quelques ennemis en les assassinant, et dès qu’on est repéré, on fonce dans le tas avec l’Orc. Le scénario se répète tout au long de la carte, pour finalement arriver au combat de fin de carte, un peu plus costaud. Suit après quelques dialogues et scènes relatant la suite de l’histoire et c’est reparti pour une nouvelle carte. C’est malheureusement un peu répétitif, d’autant plus que le level-designer n’a pas fait de miracles, mais fort heureusement les mécanismes des combats sont intéressants et bien équilibrés. D’autre part, le scénario tient sans problème le joueur en haleine jusqu’au dénouement de l’histoire. Il faut reconnaître que nos deux compères sont sacrément attachants, avec leurs dialogues bien sentis et leurs remarques qu’ils lancent parfois en plein combat ou pendant l’exploration. J’ai adoré le gobelin, qui, contournant de très loin son compère en plein massacre me dit qu’il ne veut pas laisser « le gros » seul en pleine baston, parce qu’il risque de survivre… et de le retrouver !
Je passerai aussi sur l’approche furtive souhaitée par le Gobelin, résultant en Arkhail l’Orc explosant une porte d’entrée et hurlant sa fureur devant l’assemblée des inquisiteurs réunis pour prier. Le jeu est truffé de ce genre de situations, et je peux vous dire que ça paye !

Bref, Of Orcs & Men s’inscrit dans la ligne RPG de Cyanide entamée par Game of Thrones, totalement à contre pied de celui-ci de par son monde sombre, contrasté avec des protagonistes hauts en couleur, mais en phase de par ses qualités scénaristiques, ses dialogues biens sentis et un système de combat d’excellente facture. Il souffre d’une grande linéarité au niveau du gameplay, et de ce fait d’une certaine répétitivité. Le jeu ne dure cependant qu’une quinzaine d’heures et à aucun moment la lassitude s’est fait sentir chez moi. J’irais même dire que le destin de ces deux peaux vertes, dans ce monde où l’humanité entière cherche le génocide de leur race m’a quelque part passionné.

Of Orcs & Men bénéficie de ce petit plus qui en fait un jeu vraiment attachant qui emmène sans problème le joueur jusqu’au dénouement de l’histoire de nos deux peaux vertes. Je recommande donc ce titre à ceux qui cherchent à passer un bon moment sur un titre d’excellente facture, sans prétendre non plus être le titre de l’année.

Et puis… quel autre RPGs vous proposent d’incarner un duo d’Orc Berserker et de Gobelin Assassin ?

 

Of Orcs & Men / Cyanide – Spiders / 2012

Notes

Graphismes et sons : 4/5

Interface de combat : 4/5

Scénario : 4/5

Jouabilité (fun) : 4/5