Ah Shadowrun ! Ce jeu de rôle papier a bien souvent dans le cœur des rôlistes une place à part. Comment en effet ne pas admirer cette gamme imposante : une centaine de livres, 20 ans de développement, un background touffu et évolutif au service d’un monde original ?
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Shadowrun Returns
Mais je m’emporte, car c’est bel et bien du Kickstarter PC Shadowrun : Returns dont nous allons parler aujourd’hui.
Bienvenue dans les années 2050 : Se réveillant d’un cycle millénaire, la magie a fondu sur le monde en apportant avec elle elfes, orcs, trolls, et magiciens, l’humain s’est cybernétisé et la matrice grouille de pirates, les deckers. Balayé par des changements géopolitiques majeurs tels que la disparition des USA et la création d’Etats Amérindiens sur ses ruines, le monde est pourtant resté cette bonne vieille porcherie. La ville de Seattle, sorte d’enclave en territoires indien et elf à l’ambiance proche de Blade Runner est le théâtre de cette intrigue. Les gangs de rue et la misère affligent les plus précaires tandis que des corporations devenues plus puissantes que des états s’affrontent par le biais de mercenaires, les Shadowrunners.
Ceux-ci, sorte d’agence tout risque de la barbouzerie, sont tous au menu du soft. Il y a les Samouraïs de rues bourrés d’implants cybers et roi de la baston ainsi que leur pendant mystique, les adeptes. Les deckers qui se connectent à la matrice se déclinent également en riggers, des spécialistes du maniement à distance de drones meurtriers. Enfin, les magiciens classiques côtoient des Shamans qui pratiquent l’invocation d’esprits et suivent un totem. L’optimisation de votre personnage –et de celui-ci seulement- est totalement libre avec un système de karma (comme l’XP, et attribué généreusement) qui vous permettra de créer le magicien/samurai/decker/rigger gros bill de vos rêves sans limitation aucune. L’ensemble est un peu incohérent avec l’univers du jeu de rôle papier, qui met avant tout l’accent sur la spécialisation des runners.
C’est dans cet univers corporatiste cyberpunk et mystique que votre personnage aura pour mission d’enquêter sur la mort d’un compagnon d’arme alcoolique et loser charcuté par un serial killer voleur d’organes. L’ambiance, très film noir, est un point fort du jeu, avec son vocabulaire propre. Hélas, le jeu semble prendre le parti de s’adresser aux joueurs familiers du monde et certaines références (tu connais la Universal Brotherhood chummer?) déflorent paradoxalement l’intrigue immédiatement pour ceux-ci. Mention spéciale pour les PNJs attachants et subtils, doués d’une véritable personnalité.
Simples mais satisfaisants, les graphismes isométriques ajoutent un côté un peu bédé à Shadowrun. Ils sont riches en détail même si le nombre de trucs à cliquer reste faible. Les énigmes ne vous occuperont pas plus d’une poignée de secondes. Coté combat, on est dans du solide et éprouvé : un système au tour par tour avec des points d’action et des cooldowns pour les pouvoirs (sorts, invocations d’esprits) et les skills (rafales, tirs dans les jambes, visées). Exit donc le drain, et n’espérez pas créer des Samurais des Rues avec des réflexes câblés agissant à la vitesse du son, ces améliorations cybernétiques ont été passées à la trappe. Cette pauvreté relative de l’équipement cybernétique (avec quand même un bon choix d’armes nécessitant la compétence appropriée pour être maniées) sera je pense corrigé à mesure que les contenus maisons ou du studio afflueront. Mais nous y reviendront.
Les tours peuvent parfois aussi s’éterniser, et vous obliger à traverser les cartes (modestes) en tour par tour sans connaitre la moindre échauffourée. Le challenge est tout sauf corsé et le système de sauvegarde lourd digne d’une console (lourd, comme « recharger au début du niveau uniquement» ) rajoute un peu artificiellement de la durée de vie à Shadowrun Returns.
Les perfectionnistes se retrouveront parfois à recommencer un niveau car le scripting paresseux des dialogues vous interdit totalement de revenir sur une quête que vous avez refusé ou mal négociée. Ces erreurs de débutants des developpeurs sont regrettables. L’acquisition d’étiquettes (et parfois certaines caractéristiques) liées à certain environnements sociaux (la rue, les corporations, les shadowrunners, etc) vous ouvrira des options de dialogue qui apparaitront même si vous ne pouvez pas les sélectionner (dommage). Le scenario est dirigiste au possible avec des écrans et des zones imposées qui se suivent sans que le joueur puisse s’y soustraire ou se balader. Les hardcores gamers qui aiment fouiner à la recherche de quête annexes resteront un peu sur leur faim même si il est possible de se balader un peu dans la matrice façon Tron.
Une myriade de petits bugs et de négligences font perdre à ce jeu quelques points sans trop gâcher pour autant l’expérience ludique (en attendant des patchs ?). La bonne nouvelle, c’est que l’éditeur gratuit du jeu, très complet et ouvert (et des vidéos de tutorial), permettra à la scène modding de se peaufiner des scenarii sur mesure. Et, vu le vaste choix de campagnes papier, sans trop se casser le crane. Il faut donc voir Shadowrun Returns comme une quasi-démo prometteuse d’une quinzaine d’heure qui ne préfigure en rien des possibilités réelles de ce soft. Plusieurs modules (dont un officiel dans le Berlin des ombres en Octobre qui devrait être plus consistant) sont d’ailleurs annoncés, preuve que la communauté des Shadowmodders a adopté ce moteur.
Au final Shadowrun Returns est un petit jeu sympa qui a le potentiel réel de devenir avec un peu d’amour et d’eau fraiche, un classique du genre.
Test par Ouil of ze be holder
Notes
Graphismes & sons : 3/5
La touche un peu bédé fait son boulot et les nombreux détails supportent bien l’intrigue. On est plus réservé sur les musiques peu variés et le sempiternel morceau Dubstep en boucle.
Interface de combat : 4/5
Du tour par tour classique où l’on trouve vite ses repères, avec un réel potentiel stratégique. Un certain déséquilibre dans les skills de combat déjà retouché par patch.
Scénario : 5/5
LE point fort du soft avec des dialogues intéressants malgré un Scripting faible.
Jouabilité (fun) : 4/5
Les fans d’univers ouverts bouderont Shadowrun Returns, ceux captivés par l’histoire le dévoreront comme un bon polar.
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