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Pathfinder Kingmaker
Par Ouil of ze be holder
Edit : Comme d’habitude, je joue en VO, et je ne peux donc pas juger de la qualité de la Francisation éventuelle. La version testée est la 1.1.1, détails qui a son importance, vu que les patchs continuent de tomber régulièrement. Mais certain choix de Game-Design sont par définition in-patchables et chaque nouvelle version rajoute des nouveaux problèmes.
Vous jouez comme d’autres PNJ un mercenaire recruté par une famille régnante afin de reprendre le contrôle d’un vaste « No Mans Land »: les terres volées. Très vite la gestion d’un empire précaire et contesté vous reviendra, tout comme une malédiction millénaire qui s’acharne sur la région. Pathfinder narre donc l’ascension périlleuse d’un monarque et de son royaume, sur les cendres des empires précédents. Autant vous dire que comme dans Game of Throne, ca va trahir sec.
Un « 4X » médiéval fantastique
Diplomatie, gestion de royaume, exploration et développement urbain: Pathfinder tient bel et bien sa promesse d’un GamePlay hybride, à mi-chemin entre gestion et RPG classique. Même constat pour le contenu roboratif (on parle d’une bonne centaine d’heures, facile) même si une partie sera passée à poireauter comme nous le verrons plus bas. On en a pour son argent.
Les combats sont de type temps réel avec pauses, de type Baldurs et POE. Et comme toujours, il est quasiment impossible d’envoyer une boule de feu sans faire de dommages collatéraux. Les règles de Pathfinder sont globalement celles de D&D 3 sous stéroïdes et le choix de stratégies, de personnages et de customisation est bienvenu. Quel dommage qu’on ne puisse pas redévelopper soi-même (sans tweak) les PNJ mal foutus car si un jeux D&D nécessite un grobilisme intensif et une optimisation au cordeau c’est bien celui-ci. Dans le pire des cas, il est possible de faire des personnages de zéro, mais cette option est coûteuse, et vous ne pouvez pas vous permettre de trop dépenser.
Cela reste agréable et fluide, quand ne se fait pas rosser par des monstres de base qui adorent vous infliger des malus permanents. Graphiquement, le soft est plaisant avec un soin du détail bienvenu même si on aurai aimé un peu plus d’environnement urbains.
P:K nous balade dans la nature sans faire semblant, et le mal des grands espaces s’empare vite du joueur : Presque pas de villes, des marchands qui se comptent sur les doigts d’une main. Le jeu est d‘ailleurs très axé sur l’exploration, à l’image d’un POE. Même si l’environnement est fidèle à l’histoire, ce manque de concession aura des retombées fâcheuses : certains sorts sont introuvables hors montée de niveau, et votre royaume vivra sous perfusion financière. On a presque l’impression de donner dans la parodie type Naheulbeuk (ou Diablo), où toute la vie économique d’un royaume est basée sur la « dongéconomie » avec pour seul client, le joueur.
Après des heures à looter pour acheter des « points de royaume » vous pourrez développer votre petit bout de paradis. Les choix sont nombreux et parfois cornéliens : préférez-vous annexer les voisins ? Résoudre les problèmes socioculturels de vos habitants ? Construire et planifier des villes ? Allez-vous être un « Roi Soleil » mécène des arts ou un despote sanguinaire ? Il vous faudra déléguer, en plaçant les PNJ (qui ont chacun leur vision politique !) à des postes de responsabilité. La plupart des situations se règlent par un jet de dés face à un seuil de difficulté. Il est relativement facile de se planter, même en croyant bien faire, tant le temps est compté.
Un festival de bugs
Le jeu souffre de très nombreuses tares graves malgré des dizaines de patch et correctifs qui en font désormais ce qu’il faut bien qualifier de béta avancée pour l’heure (v1.1.1). Les temps de chargement sont infernalement longs pour un jeu techniquement banal. Au point que j’ai réinstallé celui-ci sur mon SSD. Pour une amélioration de performances marginale.
Et pour attendre, vous allez attendre. Que les cartes, les interfaces chargent, que vos perso campent, que vos perso marchent, qu’ils traversent votre ville. Dans les bois, dans les villes, dans les Donj’s. Vous allez attendre pour tout, mais surtout rien : Un de vos PNJ souhaite vous parler ? Vous devez retraverser la carte pour qu’il se livre dans la salle du trône, ou plutôt qu’il vous demande dans la salle du Trône d’aller lui parler à l’auberge. On se retrouve à jouer en regardant un film, à haïr la musique ad nauseam, à esquiver les quêtes Fedex. Et le jeu ne tente rien pour vous aider, pas de sort de téléportation, de déplacement rapide, c’est comme s’il se sabotait lui-même en vous faisant sciemment ch.er.
Et la gestion du royaume vous fera aussi attendre. Le jeu est truffé de compteurs cachés (et peu explicites, on se retrouve souvent à errer sans savoir où aller) qui peuvent accoucher d’un Game Over Passif. On ne saurait que conseiller de multiplier les sauvegardes. Vu le nombre de bugs, évitez comme la peste les challenges type « Ironman ».
Une difficulté mal dosée
En « moyen », la difficulté varie de « difficile » à « absurde » et n’a qu’un seul but : l’humiliation du joueur. Jamais de ma vie je ne m’étais fait refroidir en moyen dès le tutoriel. Les premiers et les derniers niveaux sont particulièrement infâmes. Renoncez à essayer de le terminer en difficile, et tant pis pour l’amour-propre. L’objectif est clairement de vous forcer à jouer en facile (et même en mode « histoire » Steam est rempli de récits de joueurs indignés). On ne parle pas d’un challenge qui récompense la stratégie, mais d’une suite de malus totalement disproportionnés, de level design qui vous assène des vagues grotesques d’ennemis sans possibilité de repos, d’heures à boire des potions faute de sort à jeter. Ce n’est pas drôle, et après 10 rechargements de sauvegarde à attendre LA suite heureuse de jets de dés on se lasse un peu. Petit plus quand même pour le menu de la difficulté qui propose de très nombreuses options de personnalisation.
Pour une belle histoire
L’histoire est plaisante, pleine de rebondissements. La narration est portée par une barde Halfeling à l’enthousiasme et à la bonne humeur communicative, qui manie hyperbole et sens du récit. Dans les CRPG nouvelle génération les passages textuels se sont généralisés et on les retrouvera donc avec plaisir. Organisé en Chapitres, le récit vous baladera entre des régions variées, face à des ennemis variés.
Pour résumer, Pathfinder Kingmaker est un jeu qui peine à atteindre ses ambitions et aurait eu besoin de longs mois d’affinage supplémentaire pour devenir un classique. Des choix de Game Design relous plombent aussi cette tentative de ressusciter la grande époque des licences D&D. S’il satisfera les vrais coregamers masos, il ne souffre à mon avis pas la comparaison avec des jeux récents autrement mieux réalisés, comme POE2 ou Divinity Original Sin 2.
Ouil of the « Comment ca se fait que ya 12 monstres niveau 24 alors que je suis niveau 16 en facile? » Tarasque Holder
Graphismes & Sons : 4,5/5
Belle direction artistique. Certaines musiques soûlent vite.
Interface personnage : 3/5
Beaucoup de choix de personnages, de customisation possible. Les bugs pourrissent le jeu.
Scénario : 4/5
Le scénario est sympa, les PNJ ont des longs arcs narratifs et des quêtes (et même une romance « Ménage à trois! ») que je vous conseille.
Jouabilité (fun) : 2/5
Quel dommage. Trop lent, trop buggé, avec une difficulté mal dosée qui pourra rebuter. Des choix de GamePlay qui interrogent.
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